Adopter une bonne posture de leader dès la prise de poste – Conseils pour primo-managers

La transition a son premier rôle de manager est pleine de challenges. Au-delà des compétences et connaissances à développer, réussir en tant que manager relève aussi d’un état d’esprit. Il s’agit d’adopter une posture de leader – ce mélange d’attitudes, de comportements et de valeurs qui inspirent confiance à l’équipe et crédibilisent votre autorité. Plusieurs axes se dégagent des travaux en management sur la bonne posture managériale à adopter, nous vous détaillons les principaux ci-dessous.

Passer du "moi" au "nous"

Le changement de rôle implique un changement de focus. Hier, vous étiez évalué sur vos réalisations individuelles ; aujourd’hui, votre réussite passe par celle des autres. Concrètement, cela signifie valoriser les accomplissements collectifs, mettre en avant votre équipe à chaque occasion, et vous définir prioritairement comme un facilitateur du travail d’autrui. En adoptant ce mindset, vous gagnez naturellement le respect et l’adhésion de vos collaborateurs, car ils sentent que vous êtes là pour les servir (et non l’inverse). Un bon moyen de cultiver cela est de vous poser régulièrement la question : « Que puis-je faire pour aider mon équipe à être encore meilleure ? ». C’est ce que l’on qualifie de posture d’altruisme efficace et c’est généralement la marque des grands leaders.

Groupe de collègues en réunion, illustrant l’apprentissage entre pairs en entreprise

Communiquer de façon transparente

Le manager est l’interface entre son équipe et le reste de l’organisation. Adopter la bonne posture, c’est bien gérer ce double flux de communication, que ce soit vers le haut ou vers le bas.

Vers votre équipe, soyez aussi transparent que possible sur les informations de la direction : partagez la vision, les objectifs stratégiques, les résultats de l’entreprise, traduisez les décisions pour qu’elles fassent sens au niveau opérationnel[1]. Même si certaines informations doivent rester confidentielles, vous pouvez expliquer ce qui vous est communicable – vos collaborateurs apprécieront d’avoir la “big picture” et comprendront mieux le pourquoi des choses. La transparence renforce l’engagement car chacun sait où il va et comment son travail contribue à l’ensemble.

Vers votre hiérarchie, adoptez également une posture ouverte mais filtrante : remontez les succès et les difficultés de votre équipe avec honnêteté (ne cachez pas un problème majeur), tout en protégeant votre équipe des micro-tensions du terrain qui n’ont pas besoin de remonter. Comme le conseille Jeff Miller, il faut savoir “manager vers le haut et filtrer vers le bas” – c’est-à-dire informer votre propre boss de l’essentiel (moral de l’équipe, obstacles rencontrés) et filtrer ce qui redescend en épargnant à l’équipe les tracas inutiles ou la pression brute de la direction[2]. Vous êtes en quelque sorte un tampon : vous synthétisez et donnez du sens aux informations circulant dans chaque sens. Cette posture de communicateur transparent vous gagnera la confiance des deux côtés.

Pratiquer l'écoute et l'humilité

Beaucoup de jeunes managers pensent qu’ils doivent être en mesure de répondre à tous les problèmes. Au contraire, les meilleurs managers demeurent humbles et apprenants. Ils reconnaissent qu’ils n’ont pas toutes les réponses et s’entourent de la diversité des points de vue. Comme l’exprime Harry Kraemer (ex-PDG devenu professeur de leadership), personne ne peut tout savoir, il faut donc écouter activement et intégrer un maximum de perspectives pour décider intelligemment[3]. Cultivez votre humilité en acceptant les retours critiques, en admettant vos erreurs et en vous montrant ouvert aux idées de vos collaborateurs – même si elles contredisent les vôtres. Cette écoute authentique crée un climat où chacun ose contribuer, ce qui vous enrichit en tant que décideur. L’humilité, ce n’est pas le manque de confiance en soi : au contraire, Kraemer parle de “vraie confiance en soi combinée à la modestie” comme d’un pilier du leadership[4]. Autrement dit, ayez confiance dans vos capacités tout en restant conscient de vos limites et prêt à apprendre.

En pratique : encouragez vos collaborateurs à vous challenger respectueusement, remerciez quand on vous signale un point mort, et montrez que vous aussi êtes en développement. Cette posture humble n’amoindrit pas votre autorité – elle la renforce, car elle démontre votre authenticité et votre volonté de progresser pour le bien de l’équipe.

Exercer un leadership “par les valeurs”

Prendre la bonne posture, c’est aussi ancrer son management dans des valeurs solides. Un leader sans boussole éthique peut obtenir une « obéissance » à court terme, mais pas la loyauté sur la durée. Définissez clairement les valeurs qui guideront vos décisions (ex: l’intégrité, l’équité, l’excellence, la bienveillance, etc.) et communiquez-les en filigrane. Par exemple, si la transparence est importante pour vous, engagez-vous à partager un maximum d’informations descendantes avec l’équipe, et faites-le réellement. Si vous prônez la bienveillance, montrez-la au quotidien en aidant un employé en difficulté plutôt qu’en le blâmant. Cette cohérence entre vos discours et vos actes construira votre crédibilité morale.

Instaurer un climat de confiance et de sécurité psychologique

Une posture managériale efficace vise à libérer la parole et l’initiative des collaborateurs. Pour cela, l’équipe doit se sentir en confiance, c’est-à-dire certaine de pouvoir s’exprimer sans crainte de reproches injustes. Adoptez un style qui encourage les retours :

  • remerciez quand on vous remonte un problème plutôt que de chercher un coupable,
  • accueillez les idées nouvelles sans les juger immédiatement,
  • et reconnaissez publiquement les contributions de chacun.

Comme évoqué plus haut, tenir des engagements et être juste consolide aussi la confiance. Un concept clé est celui de sécurité psychologique : l’idée que chaque membre peut prendre des risques intellectuels (proposer une idée audacieuse, admettre une erreur…) sans peur des moqueries ou sanctions. En tant que manager, soyez vigilant à écarter toute moquerie ou humiliation au sein de l’équipe, et à montrer l’exemple en avouant vous-même quand vous ne savez pas ou quand vous vous trompez. Par exemple, dire “je ne connais pas la réponse, explorons-la ensemble” ou “c’est ma faute, j’aurais dû mieux vous informer” démontre que l’erreur est humaine et que l’important est d’apprendre. Cette posture créatrice de confiance décuple la performance collective : les études Gallup montrent que des managers qui agissent en “coach” plutôt qu’en “chef” obtiennent des équipes plus engagées et performantes. Et cela permet de créer des environnements où l’innovation est de mise. 

Décider et agir avec courage

La crédibilité d’un manager se forge aussi dans sa capacité à prendre des décisions et à les assumer. Adopter la bonne posture implique de ne pas constamment chercher l’aval ou la popularité au détriment de l’efficacité. Bien sûr, on l’a vu, un nouveau manager doit écouter et consulter – mais au final, il doit être capable de trancher. Laisser traîner toutes les décisions par peur de se tromper peut paralyser l’équipe et envoyer un message d’indécision. À l’inverse, décider avec “confiance informée” (c’est-à-dire après analyse, mais sans exigence de certitude absolue) est généralement mieux perçu, même si la décision comporte un risque[5]. En cas d’erreur, vous la corrigerez. Montrez à votre équipe que vous avez le courage de vos convictions : par exemple, si vous estimez qu’un projet doit être arrêté pour le bien de l’équipe, expliquez votre logique et assumez la responsabilité de ce choix. Soutenez aussi vos collaborateurs : si l’un d’eux prend une initiative louable mais qu’un échec survient, ne le blâmez pas après coup – endossez la responsabilité en tant que leader, analysez avec lui ce qui n’a pas fonctionné, et tirez ensemble les enseignements. Cette posture de leader “courageux” et protecteur encouragera vos employés à prendre des initiatives sans crainte d’être sacrifiés en cas de pépin, ce qui à terme favorisera l’innovation et la proactivité dans votre équipe.

Se connaître et se développer en continu

Enfin, la bonne posture managériale est indissociable d’une bonne connaissance de soi. Un adage fréquent en leadership est : “Pour bien gérer les autres, il faut d’abord savoir se gérer soi-même”. Prenez le temps de la self-reflection (réflexion sur soi) préconisée par les experts[6]. Cela peut être quelques minutes chaque soir pour analyser vos actions de la journée : Qu’est-ce qui a bien fonctionné ? Qu’est-ce que j’aurais pu mieux faire ? Ai-je agi en accord avec mes valeurs aujourd’hui ? Cette pratique régulière augmente votre conscience de vous-même, de vos émotions, de vos biais. Elle vous permet de mieux contrôler vos réactions (par exemple éviter un mouvement d’humeur regrettable en réunion) et d’identifier vos axes d’amélioration. Montrez également à votre équipe que vous êtes dans une démarche de progression continue. Par exemple, fixez-vous un objectif de développement personnel (ex : “mieux gérer les conflits”) et partagez-leur que vous y travaillez – ils apprécieront votre transparence et pourront même vous y aider par leurs feedbacks. Un manager qui se développe en permanence encourage implicitement ses collaborateurs à faire de même. Cela crée une culture d’apprentissage dans l’équipe, où chacun cherche à s’améliorer constamment.

Pour conclure

En adoptant ces postures – altruisme orienté équipe, humilité, leadership par les valeurs, confiance partagée, communication transparente, courage décisionnel et introspection – vous poserez les fondations d’un management solide et inspirant.

Les études académiques et les témoignages de dirigeants convergent : ce sont moins les techniques managériales spécifiques qui font la différence que l’attitude générale du leader au quotidien.

Pour synthétiser, un nouveau manager efficace est celui qui se met au service de son équipe, tout en gardant le cap sur les objectifs, et qui inspire par son exemplarité, son écoute et sa détermination. Cette posture n’est pas figée – vous la peaufinerez avec le temps et l’expérience. Mais commencer avec ces principes en tête vous aidera à éviter bien des faux départs et à rapidement gagner la confiance de vos collaborateurs et supérieurs.

Aller plus loin : Découvrir le peer-learning.

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